Décontaminations en belgique

* mai 2000 – août 2002 *

Communiqués revendiquant les coup portés aux champs d’OGM en Belgique

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Table

Introduction: décontamination de champs de colza transgénique
Le 7 mai 2000
Franc-Waret (Fernelmont): Belgique : les cobayes se sont révoltés !
Le 26 mai 2001
Velzeke-Rudershove (Zottegem) : Aventis Crops Silenced.
Zonnegem (Burst) : Arrachage de colza génétiquement modifié.
Nazareth : Au secours, les OGM sont lâchés !
Le 25 juillet 2001
Nazareth : Décontamination d’un site de colza Aventis.
Le 9 avril 2002
Smetlede (Lede) : Profanation d’un sanctuaire de nécrotechnologie.
Le 26  avril 2002
Bailleul (Estaimpuis) : Arrachage symbolique de colza OGM.
Les 5 et 6 mai 2002
Borsbeke (Herzele) : Décontamination d’un site de colza Terminator en Belgique
Bailleul (Estaimpuis) : Destruction de plants de colza OGM
Velzeke-Rudershove (Zottegem) : On dirait que ça te gène de marcher dans la boue..
Le 7 juillet 2002
Verrebroek (Beveren): Les diables rouges sont de retour!
Le 15 août 2002
Afsnee (Gand) : Désactivation de maïs OGM “confiné”

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Introduction:

Décontamination de champs de colza transgénique

En Belgique, la première décontamination de parcelles transgéniques à lieu le 7 mai 2000. Ce jour-là 200 personnes rejoignent la ferme expérimentale de Monsanto à Franc-Waret dans le Namurois et détruisent publiquement des semis de maïs et de betterave transgéniques. Un mois après cette action, Monsanto annonçait la fermeture de deux de ces quatre implantations en Belgique : le centre européen de recherche à Louvain-la-Neuve et le ferme de Franc-Waret.

L’inauguration des arrachages anonymes aura lieu un an plus tard, le 26 mai 2001. En une nuit, ce sont trois sites d’expérimentation de colza d’hiver 2000-2001 d’Aventis CropScience (désormais Bayer) qui ont été mis hors d’état de nuire. La même nuit, en Italie, dix serres appartenant à une de ses filliales subit le même sort. Le 25 juillet, un quatrième champ de la même firme mais d’un colza d’été (celui qui a été refusé récemment par la ministre) a suivi.

Pour 2002, une dissémination massive (57 sites) de colza d’hiver 2001-2002 était annoncée. Finalement, “due to bad weather conditions” (?!), seuls 22 sites ont pu être semés sur une quinzaine de communes.

La floraison du colza et des initiatives pour y mettre un terme ont été concomitantes … Un premier champ est éliminé le 9 avril. Le 26, c’est au tour d’un champ wallon de recevoir une petite visite. Ce champ sera partiellement décontaminé le week-end du 5 et 6 mai, où trois autres parcelles sont arrachées en Flandre. Bilan: 6 actions contre 5 des 22 champs emblavés dans le cadre de cette autorisation. Auxquels il faut ajouter le champ officiellement décontaminé le 21 juin (la liste des champs pour cette notification se trouve sur http://belgium.indymedia.org/front.php3?article_id=26406 ).

La saison d’été a été entamée le 7 juillet par la victoire écrasante des “diables rouges” sur le terrain des betteraves d’Advanta. Elle c’est poursuivie, à l’occasion du long week-end du 15 août, par l’élimination de l’expérimentation sur du maïs tolérant à la piralles qui se trouvait dans une serre soit-disant confinée.  13 des 31 parcelles de la saison d’été ont été refusées par les autorités , abandonnées , détruites , ou interrompues . Enfin, pour la première fois depuis de nombreuses années, aucune autorisation n’a été demandée pour la saison d’hiver.

La majorité des actions ont ciblé Aventis et en particulier un de ses colzas (MS8&RF3, notification 02VWSP9, d’hiver 2000 et 2001). Pouquoi ? D’abord par opportunisme : le plus grand nombre des parcelles de dissémination en Belgique concerne ce colza, et cela depuis de nombreuses années.

Sous l’impulsion du professeur Van Montagu, “les Belges ont inventés les OGM”. Fondateur de Plant Genetic System, cette spin-off de l’Université de Gand largement financée par la Région flamande et la recherche européenne dont le rachat par Hoechst est symptomatique d’une spoliation légalisée du bien public. Emblématique des start-up qui marchent pour la Flandre conquérante. Aventis CropScience est né de la fusion de Rhône-Poulenc et de Hoechst. Le tout a été acheté par Bayer pour former Bayer Cropscience. L’immense majorité des expérimentations en Belgique est le fait de cette compagnie, et les programmes gérés par cette société — essentiellement en Belgique (ou elle occupe 400 personnes) et en Angleterre — figurent parmis les plus importants en Europe.

Il y a aussi les raison inhérentes aux caractères insérés. La modification génétique de ce colza vise à le rendre tolérant à un herbicide total (LibertyTM). Résultats attendus: une nette croissance des quantités de pesticide utilisés. Ce colza est aussi porteur d’un gène de stérilité mâle associé à celui de la restauration de la fertilité destiné à faciliter la production industrielle d’hybrides et l’intégration des agriculteurs dans un circuit de production et de transformation qu’ils ne maîtrisent plus. Il s’agit, en effet, comme pour Terminator, d’empêcher les agriculteurs de semer le grain récolté.

Cette variété a un caractère prioritaire, étant l’une des plus proches d’une commercialisation. En effet, son autorisation pour une “commercialisation” est régulièrement reportée depuis l’entrée en vigueur en juin 1998 du moratoire de fait sur la mise sur le marché de nouvelles variétés d’OGM agricoles.

Quoi qu’on en dise, les “disséminations volontaires dans l’environnement” ne portent que rarement sur les conséquences environnementales, sanitaires ou sociales de ces disséminations. Presque la totalité des champs sont des évaluations agronomiques essentiellement de l’expression des caractères insérés et de rendement. Dans le cas qui nous occupe, le décalage est encore plus grand. En effet, cela fait bien longtemp que ces évaluations sont terminées. Parmis les centaines de champs cultivés de cette variété ces dernières années, seuls quatre (dont un de la saison d’été 2001 et un de 2002) portait sur les conséquences environnementale des disséminations. Tous les autres sont des sites de multiplication de semences. De semences pour en faire quoi ? Evidemment, quelques sites permettent de mener les même tests l’années suivante. Une autre partie de ces récoltes sera stockée “en attente d’une autorisation européenne” comme le mentionne le résumé de la fiche d’information du public de cette notification pour 2000. Il s’agit d’avoir des stocks prêts si les choses se débloquent. Le reste des semences serait exporté vers le Canada, où, produit phare d’Aventis CropScience, ce colza est déjà cultivé sur des surfaces importantes. Un pays où, d’ores et déjà, on ne sais plus comment venir à bout des repousses de colza multirésistantes. Plutôt on ne le sait que trop bien… Il “suffira” de développer de nouveaux herbotoxiques plus efficaces, ou plus nocifs. Les multiplications de semences sont pourtant bel et bien une “commercialisation”, Aventis profite d’un vide législatif, qui lui permet d’éviter l’autorisation préalable à une “commercialisation” d’OGM. Dès lors, la plus grande partie de ces “expérimentations” n’en sont en fait pas, ce sont plutôt des cultures commerciales sous couvert d’expérimentation.

Si la résistance pratique aux OGM n’a pas atteint en Belgique la virulence des attaques portée au Royaume-Uni, ni le succès d’estime public de ces actions en France, elle apportent néanmoins un éclairage intéressant. Dans cette brochure sont rassemblé outre une chronologie des diverses actions de résistance aux OGM en Belgique depuis 1999, tous les communiqués revendiquant les coups portés aux postes avancés du meilleur des mondes transgéniques. Elle vous propose de parcourir les contributions de ceux qui, en connaissance de cause, on pris le risque de nous libérer de quelques-unes de ces chimères génétiques qui hantent nos campagnes. Elle se clotûre par un texte qui appelle, à l’occasion du procès de Montpellier, à la création d’une “Société contre l’obscurantisme scientiste et le terrorisme industriel” qui se veut tout à la fois un bilan et une analyse. Le tout offrant une contribution pour aider “les gens à prendre en main leur existence et à aller un peu plus loin que la culture de la crainte et de la peur, dans un monde qui ne sais plus produire que ça”.

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7 mai 2000

Franc-Waret (Fernelmont)

Belgique : les cobayes se sont révoltés !

Opération de décontamination dans un centre agronomique de Monsanto

Ce dimanche 7 mai dans l’après-midi, pour la première fois en Belgique, environ deux cents personnes ont arraché des plants de colza et de maïs transgéniques, cultivés par la société Monsanto sur son site de Franc-Waret (région namuroise).

Dans le cadre plus large du Festival de résistance aux OGM (dont le programme s’étendait sur toute la journée et comprenait une conférence, des concerts, etc.), nous avons formé un cortège festif, musical et coloré qui a parcouru le village de Marchovelette avant d’aboutir à la Ferme expérimentale d’au Tri, propriété de Monsanto, où nous avons ouvertement et pacifiquement interrompu la dissémination volontaire d’OGM en cours sur ce site (comme sur plus d’une centaine d’autres en Belgique). L’arrachage, qui a duré plus ou moins un quart d’heure, s’est déroulé dans une ambiance particulièrement joyeuse, sur un fond musical entraînant (un camion équipé d’un “sound system” ayant emmené le cortège jusqu’au lieu de la décontamination). Un certain nombre d’entre nous ont pris part à cette initiative en famille (ce qui a permis de vérifier que l’une des façons les plus efficaces de se débarrasser d’une parcelle de colza est encore de s’y laisser tomber de tout son long…).

Monsanto : “YOU sow the technology, WE harvest the profit”*

A travers l’intervention collective menée ce dimanche, nous entendons relayer en Belgique la résistance internationale croissante à l’imposition d’une exploitation transgénique de la terre, source de risques sociaux, environnementaux et sanitaires majeurs, qui s’inscrivent dans le droit fil des effets calamiteux du productivisme agricole subventionné.

Depuis sa fondation voilà près d’un siècle, la Monsanto Chemical Company s’est engagée dans une véritable course contre la vie, en fabriquant les fameux PCB (l’une des premières causes de dioxine), en étant le principal producteur du sinistre agent orange, défoliant utilisé pendant la guerre du Vietnam, en introduisant l’Aspartame dans nombre de produits alimentaires courants (sodas, céréales,…). La transnationale produit maintenant les deux herbicides les plus vendus au monde, le Roundup et l’Alachlor. Selon une étude réalisée en 1993 à l’Université de Californie (Berkeley), le Roundup était alors la première cause de maladie liée aux pesticides chez les jardiniers en Californie, et la troisième chez les ouvriers agricoles.

La reconversion de Monsanto dans les “sciences de la vie” a amené cet industriel biocidaire à vouloir racheter la Delta and Pine Land Seed Company, détentrice depuis mars 98 – conjointement avec le Ministère américain de l’Agriculture ! – d’un brevet portant sur le “contrôle de l’expression des gènes”. Opportunément baptisée “Terminator”, cette technique détruit la capacité qu’ont les plantes de se reproduire sans avoir recours au marché, propriété anti-économique s’il en est. Cette concurrence déloyale que la vie fait subir aux industriels semenciers pourrait prendre fin prochainement : trente brevets de type Terminator ont déjà été déposés et certains d’entre eux sont sur le point d’être commercialisés.

Les développements techno-scientifiques et marchands s’appliquent aujourd’hui plus que jamais sur un mode totalisant, sinon totalitaire, affranchis de toute mesure extérieure à leur propre accélération.

La transgenèse en est l’une des illustrations les plus abouties. Aux Etats-Unis, voir votre champ contaminé par le colza génétiquement altéré du voisin peut vous valoir des poursuites judiciaires de la part de Monsanto, pour “vol de technologie”. Les choses semblent donc claires. Le monde est voué à se partager en deux camps : celui des êtres “vivants” stérilisés pour assurer le profit et celui des êtres vivants qui le seront bientôt.

Nous n’avons que des transgènes à perdre et tout un monde à gagner !

Le colza et le maïs transgéniques détruits hier sont censés être rendus tolérants à l’herbicide total Roundup (c-à-d manipulés pour absorber des doses de plus en plus massives d’herbotoxique Monsanto). Menacé par l’expiration de son brevet sur le Roundup aux Etats-Unis, Monsanto a trouvé là une parade apparemment infaillible : modifier les végétaux eux-mêmes, intégrer son copyright au cœur même du vivant, pour accroître ses parts de marché en herbicides et s’assurer, avec quelques autres firmes agrochimiques, un contrôle complet de la chaîne alimentaire.

Rappelons que le colza peut se croiser avec plus ou moins trois mille espèces apparentées communes dans notre environnement, dont le tabouret, la moutarde, la ravenelle, le raifort, le cresson, la cardamine,… Du pollen de colza transgénique a déjà été retrouvé à 2,5 kilomètres de la culture d’origine, alors qu’en Belgique les mesures destinées à “prévenir” la contamination ne prévoient un isolement que de 400 mètres…

Notons également qu’en cette matière personne ne paraît même pas s’embarrasser d’un semblant de respect des dispositions légales : ni Monsanto ni ses concurrents (Plant Genetic System, Novartis,…) n’ont par exemple obtenu d’autorisation pour leurs “tests” pour l’année 2000 (ce qui permet de fait d’éviter la publication de la liste des disséminations volontaires d’OGM, obligatoire chaque année au plus tard le… 31 janvier !). Dans un tel contexte, quel crédit accorder au suivi des moindres mesures de “précaution” ?

Nous n’en appelons de toute façon pas à un meilleur encadrement étatique ou institutionnel des prétendus “essais” d’OGM. Les organes de “biovigilance” (!!) et autres comités techniques ou éthiques ne voient le jour que lorsque “le coup est déjà parti”, pour accompagner des processus mortifères et tenter de tranquilliser sur la possibilité d’un “contrôle” que leur existence même dément.

Nous réaffirmons ici notre ambition d’aboutir tôt ou tard à un monde libéré des OGM. Peut-être cette première mise en œuvre directe et collective d’un “principe de précaution” trop souvent vidé de son sens permettra-t-elle d’entrouvrir la voie à autre chose qu’au “meilleur des mondes transgéniques”…

Deux cents ennemis du meilleur des mondes transgéniques, Belgique, 8 mai 2000

Pour lire (ou écouter en real audio) le commentaire pendant l’action d’un “ennemi du monde transgénique”, rendez-vous sur www.rtbf.be/jp/ (journal parlé du 08/05, édition de 8h du matin).

* “VOUS semez la technologie, NOUS récoltons le profit” (d’après l’un des subtils slogans de Monsanto).

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Cette infographie illustre, sur fond d’une photo de l’action du 7 mai  2000 à Franc-Waret, l’annonce de la chute vertigineuse, en 2001, des surfaces cultivées en Belgique et la pertinence des actions directes de résistance. Elle vaut mieux qu’un long discours…

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26 mai 2001

Velzeke-Rudershove (Zottegem)

Aventis Crops Silenced

Durant ce week-end, un champ de plusieurs hectares de colza d’hiver génétiquement manipulé (1) situé dans la localité de Velzeke-Rudershove et  ensemencé par la multinationale Aventis a été mis hors d’état de nuire (2).

Cette action a pour objectif d’enrayer directement le processus de propagation des OGM dans nos assiettes et dans notre environnement. En effet, au-delà des déclarations rassurantes des gouvernements et des multinationales de l’agrobusiness, il est possible de se faire une idée de  plus en plus précise des répercussions des OGM. Les dégâts sanitaires sont aujourd’hui connus : allergies, augmentation des résistances aux antibiotiques. Les dommages causés à l’environnement par les disséminations en plein champ sont irréversibles. Citons la perte de biodiversité, l’augmentation des quantités de pesticide employées, le développement de résistances chez les insectes et plantes “nuisibles”, le transfert (horizontal comme vertical) de gènes à d’autres espèces,…

Enfin, un mécanisme pervers d’inféodation s’instaure entre les multinationales productrices d’OGM et les agriculteurs. Ceux-ci sont obligés de racheter chaque année les semences et les herbicides à la même compagnie qui s’assure ainsi leur assujetissement total. Face à de telles menaces, il est nécessaire de faire prévaloir dans nos champs le principe de précaution envers une logique qui n’a d’autre souci que le profit.

(1) Les surfaces de colza transgénique visées sont du type “LibertyLink” et “SeedLink”, c-à-d un colza transformé à la fois pour absorber de grandes quantités de glufosinate (herbicide Liberty) et porteur d’un transgène de stérilité mâle destiné à faciliter la production industrielle d’hybrides.

(2) Adresse exacte : Pienkenstraat, 9620 Velzeke-Rudershove (Zottegem), Flandre Orientale, Belgique.

Zonnegem (Burst) :

Arrachage de colza génétiquement modifié

Qui veut canaliser un fleuve s’expose à des débordements. Qui veut contrôler le vivant : idem.

Les pharmacologues ne souhaitent pas guérir mais vendre un maximum de médicaments au prix le plus élevé possible.

Les généticiens ne désirent ni soigner des maladies rares ni nourrir le  tiers-monde, mais créer de nouveaux marchés qu’il prévoient juteux.

Les pharmaco-généticiens tels qu’Aventis ou Monsanto ne poursuivent qu’un objectif : le profit, et leurs justifications sanitaires ou humanistes ne duperont personne.

Ultime création d’un système industriel qui vise à consigner et à recycler le vivant en marchandise gérable comme tel, le génie génétique a ceci de particulier que les dégâts qu’il engendre sont exponentiels et irrattrapables.

Les lobbies intéressés pesant davantage que les instances de décision démocratiques, c’est à nous qu’incombe la tâche d’appliquer le principe de  précaution tant loué.

C’est pourquoi, dans la nuit du 26 au 27 mai 2001, nous avons détruit intégralement un champ exploité par la société Aventis. Le champ est situé  dans les environs de Gand, dans le village de Zonnegem, à la limite de  Burst, au bout d’un chemin débouchant à hauteur des numéros 88-92 de la  Gentsestraat.

Ce champ expérimental de Colza d’hiver génétiquement modifié comprenait deux parcelles d’environ 5x15m ainsi que deux mini-parcelles confinées dans deux tentes d’environ 4m2 chacune.

Des individus qui ont des principes.

Nazareth

Au secours, les OGM sont lâchés !

Dans la nuit du 26 au 27 mai 2001, des parcelles de colza transgénique ont été decontaminées au lieu-dit Ten-Hede, Beerhof et Turkijenhoek, commune de Nazareth, Flandre Orientale.

Pourquoi avoir visé plus particulièrement Aventis ? Parce que celle-ci a racheté Plant Genetic System, start-up créée par le professeur Van Montagu grâce aux subsides alloués par la Communauté à l’université de Gand, dans le but de développer une technique de transfert de gènes. L’argent public ne bénéficie pas ici au mieux-être commun mais à l’enrichisement de quelques-uns, ce qui démontre une fois de plus que la technologie des OGM n’est qu’une affaire de gros sous et pas un progrès scientifique.

Il n’est en aucun cas tolérable que la recherche de profits immédiats et de pouvoir hypothèque le devenir de notre planète, comme c’est déjà le cas (nucléaire, montagne de déchets, appauvrissement des ressources, pollution…). Dès lors, la décontamination de notre environnement s’avère nécessaire parce que, si l’on peut entendre dans les communiqués des producteurs et distributeurs que les OGM ont déserté nos assiettes, ils n’en continuent pas moins de proliférer dans notre environnement, de façon incontrôlée parce qu’incontrôlable.

En effet, les protocoles de sécurité sont tout à fait inefficaces : l’environnement ne peut servir de laboratoire parce qu’une expérience scientifique ne peut apporter de certitude que lorsque tous les paramètres sont connus et pris en compte. Cela n’est évidement pas le cas car la richesse des interactions dans la nature est impossible à évaluer dans son entièreté, de l’aveu même des promoteurs des OGM. Dès lors le risque zéro n’existe pas et le principe de précaution est tout à fait vidé de son sens quand il ne sert qu’à noyer tout discours critique.

Arracher des plantes transgéniques est la seule manière de nous approprier une parole dans un débat qui nous est refusé. Les projets scientifiques peuvent et doivent faire l’objet d’un débat de société et ne pas rester l’apanage d’une caste de chercheurs et des gens qui leur tiennent les bourses. Sans ce débat nous serons toujours tenus dans notre rôle de cobayes.

Et pour tenir ce débat, il faut que la génétique soit considérée à sa juste valeur, celle d’une avancée technologique de quelques apprentis sorciers et non pas une science exacte.

En guise de conclusion, nous citerons le professeur Marc Van Montagu : “je crois que les responsables politiques poursuivent des combats d’arrière-garde déconnectés de la réalité du moment : la toute puissance de l’économie industrielle et financière”.

Puisqu’il le dit lui-même…

PRENONS LES CHOSES EN MAIN !


25 juillet 2001

Nazareth:

Décontamination d’un site de colza Aventis

– Vous prônez l’urgence dans l’action ?

– Oui. Chaque fois qu’on laisse s’écouler dix ans sans agir, on laisse la situation s’aggraver de façon assez dramatique.

Marc Van Montagu, baronet du complexe génético-industriel belge, in Athena n°140, avril 1998

Ce mercredi 25 juillet 2001 au matin, environ 2000 m2 de terrain situés dans la commune de Nazareth (Flandre Orientale), à hauteur du n°17 Spoorwegstraat, ont été libérés des 120 protubérances de colza génétiquement manipulé qui s’y trouvaient. 120 « bouquets » de colza recouverts de filets, plantés sur 5 lignes et modifiés pour exprimer deux caractères : l’un de tolérance à l’absorption de l’herbotoxique glufosinate (Basta), l’autre de retardement de la libération des semences du colza (« pod shatter-R »).

Que nous apprend l’autorisation délivrée par le Ministère de l’Agriculture à la firme agrochimique Aventis, maître d’œuvre de l’expérimentation visée ? Que « Aventis CropScience assume l’entière responsabilité civile en ce qui concerne les dégâts qui seraient causés à la santé de l’Homme et de l’Animal, à des biens ou à l’environnement comme conséquence des expérimentations ». Sans doute l’Homme, l’Animal et l’environnement peuvent-ils désormais dormir tranquilles, soulagés de savoir que les perturbations en cours de leur structure génétique sont dès aujourd’hui prises en compte dans les projections budgétaires du Conseil d’Administration d’Aventis (et demain mises au vote lors du rachat de cette société par Bayer).

Cette clause d’essais “tous frais génétiques compris”, présente dans chaque autorisation belge de dissémination volontaire de végétaux altérés génétiquement, en dit long sur la mission dévolue aux instances de « biovigilance » (le Service de Biosécurité et de Biotechnologie en Belgique, la Commission du Génie Biomoléculaire en France, etc.) : offrir un glacis de respectabilité et de scientificité à des processus dont le véritable objet de test est… leur acceptation sociale.

En effet, en matière d’essai en plein champ de végétaux GM, l’essentiel est d’obtenir des populations qu’elles tolèrent leur exposition permanente à l’incertain, au “risque du progrès”. L’insensibilisation à un cataclysme dont la possibilité est décretée d’utilité scientifique et à ce titre tentée quotidiennement, la réduction de la vie et de la mort à deux hypothèses dont l’une finit par équivaloir à l’autre, voilà ce que signe et ce qu’accomplit sinistrement chaque mise en culture d’OGM. Elle atteint toujours déjà son but, y compris et surtout lorsqu’elle se drape dans le voile vertueux du “principe de précaution” détourné en “principe de résignation”.

Les instances d’accompagnement de cette douce dérive vers le pire en ont tellement conscience qu’elles ne se soucient même plus de faire illusion. Ainsi Sylvie Mestdagh, l’ingénieur en charge du suivi des expérimentations pour le Ministère de l’Agriculture, reconnaît-elle sans rire que les 3 contrôles annuels réglementaires de chaque site ne devraient pouvoir être assurés en 2001 que grâce à “la réduction de la surface et du nombre d’essais” (passés de 144 l’an dernier à 22 cette année).

Pendant ce temps, de plus en plus d’agriculteurs canadiens font face à une nouvelle sorte de mauvaise herbe (adventice) quasiment indestructible : le colza modifié génétiquement, qui leur a été vendu massivement depuis 1996, pour les aider à se débarasser… des mauvaises herbes. Monsanto en est réduit à proposer aux fermiers en colère d’envoyer du personnel arracher son colza manuellement (cf le reportage de la chaîne canadienne CBC, “transgenic canola causing big trouble”, 22/06/01).

Non, décidément, rallions-nous à la recommandation du Pr. Van Montagu : l’urgence dans l’action.

L’heure n’est plus aux “débats citoyens” sur la pertinence et la légitimité des technologies transgéniques appliquées à l’agriculture. Certains, lobbyistes, industriels et chercheurs, ont décidé pour tous, bien avant même que le mot “transgenèse” ait commencé à circuler en dehors de leurs cercles éclairés. Louer les vertus des processus participatifs et vouloir recueillir l’avis de la “société civile” alors que nous en sommes à la quinzième année de dissémination transgénique en plein champ sur le territoire belge, ce serait faire preuve d’un cynisme et d’un mépris indépassables.

Le coup est déjà parti ? Oui, mais il n’est peut-être pas encore trop tard pour désarmer l’adversaire.

Un groupe de vrais résistants au Basta(c)


`Les chercheurs européens se découragent´

Pour Patrick Rudelsheim (Aventis), le prolongement du moratoire européen explique la chute des expérimentations

ENTRETIEN

Patrick Rudelsheim est le responsable des expérimentations de la filiale belge d’Aventis CropScience (220 personnes), la firme qui mène actuellement le plus grand nombre d’essais.

Les demandes d’expérimentation d’organismes génétiquement modifiés en Belgique sont passées en deux ans de 120 à 33 ha. Comment expliquez-vous cette chute?

Il y a incontestablement une part de découragement dans le chef des chercheurs. Jusqu’en 1997, l’Europe et les Etats-Unis évoluaient en parallèle dans cette recherche. Mais ensuite, le développement des OGM en Europe a été clairement freiné, suite au moratoire de 1999 qui subordonnait l’instauration d’une législation claire sur l’étiquetage et la traçabilité des OGM avant de permettre l’introduction de nouvelles variétés commerciales. A l’époque, cette réflexion était tout à fait respectable.

Mais la mise en place de cette réglementation traîne. Cet atermoiement explique la baisse des investissements dans la recherche. Il est clair que si on ne voit pas à quoi une recherche peut conduire, elle présente moins d’intérêt. C’est d’autant plus dommageable que la recherche n’a pas été ralentie dans le reste du monde. On pense souvent aux Etats-Unis, mais les travaux vont également bon train en Amérique du Sud ou en Asie.

Les destructions dans les champs perpétrées par les activistes environnementaux jouent-elles un rôle dans cette évolution?

Il est clair que cela n’aide pas au débat. Mais ce n’est pas la raison de la réduction des essais, même si cela n’a rien d’encourageant. Même dans d’autres pays où ces essais ont été massivement et régulièrement détruits, on voit que les sociétés persistent dans leurs recherches. Reste que la mise au point d’une variété transgénique est un investissement considérable qui se chiffre en millions d’euros.

Chez Aventis, faites-vous des efforts pour éviter que vos champs expérimentaux soient repérés par le public?

Pas du tout. Tous les sites sont répertoriés sur Internet (*). S’il y a des secrets, ils sont surtout motivés par la crainte des concurrents, pas des détracteurs.

Les autorités belges ont renforcé les mesures environnementales qui doivent entourer les champs transgéniques. Est-ce que, pour vous, ces nouvelles contraintes sont justifiées?

Vous me l’apprenez. Mais je pense que ces mesures sont essentielles, mais elles doivent rester praticables. Par ailleurs, nous comprenons très bien qu’il y ait ce genre de démarche. Il s’agit pour tout le monde d’un gage de clarté. Il est normal et même indispensable que toutes les démarches liées aux organismes transgéniques soient basées sur la précaution. Un champ expérimental est fait pour répondre à des questions, à des incertitudes, c’est évident. On peut répondre à certaines en serre. Mais pas à toutes. L’essai en plein air est indispensable.

XAVIER DUCARME

Cet article provient de http://www.lalibre.be

Mis en ligne le 08/02/2002

9 avril 2002

Smetlede (Lede)

Profanation d’un sanctuaire de nécrotechnologie

Avant tout : mardi 9 avril 2002, douze parcelles d’expérimentation sur le colza d’hiver génétiquement modifié pour 1° le rendre stérile, 2° en restaurer la fertilité et 3° tester sa résistance à un herbicide (gluphosinate), ont été détruites dans la localité de Smetlede (Lede).

Premièrement : l’intimidation a ses fonctions, ses lieux, ses financements. La naïveté lui sera dommageable. En l’occurrence, pour ce champ, fut mise en place une veilleuse nocturne halogène destinée à sauver les parcelles d’expérimentations de l’obscurantisme saccageur, à moins qu’il s’agisse d’une technique de la filiale belge d’Aventis CropScience dont le responsable prétendait qu’elle n’avait rien à cacher au public.

Deuxièmement, cet éclairage privé a permis à des vandales bioterroristes et sorcières en tous genres de s’adonner à la destruction.

Où trouver les douze tentes d’expérimentation profanées ? C’est simple : partant de la rue centrale de (be)Smetlede, en se dirigeant vers Oordegem, en empruntant la carrière qui continue tout droit, on trouvera : à droite, deux maisons dont l’une équipée d’un puissant projecteur; à gauche, ledit site expérimental neutralisé.

Les impatients dans la tente


26 avril 2002

Bailleul (Estaimpuis)

Arrachage symbolique de colza OGM

Des aliments génétiquement modifiés ont déjà débarqué dans nos assiettes sans que nous puissions les identifier et donc sans que nous ayons la possibilité de les refuser. Notre santé à tous ne pèse pas bien lourd dans la balance mercantiliste de l’Organisation mondiale du commerce, un des piliiers de la mondialisation libérale (ou “capitaliste”) avec le FMI et la Banque Mondiale.

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont des êtres vivants du règne animal ou végétal dans lesquels on a introduit du matériel génétique d’une autre espèce pour provoquer l’apparition de caractères nouveaux.

Ainsi, la technologie dite du “Terminator” crée des plantes qui ne produisent que des graines biologiquement stériles. monsanto, la transnationale qui produit le Round Up a mis sur le marché du colza et du maïs transgénique “Round Up Ready” résistant au Round Up, ce qui permet à Monsanto de vendre ses graines et en même temps de forcer la consommation massive de son produit phare le Round Up.

Les études d’impact de ces produits sur notre santé chichement financées par les Etats n’en sont qu’aux balbutiements, tandis que celles de la recherche technologique du profit, financé par les transnationales, disposent de moyens énormes, même ceux de peser dans la balance décisionnelle des gouvernements.

Les agriculteurs (aux USA) sont sous contrat de servage, car ils doivent signer un document par lequel les droits de l’exploitant disparaissent totalement au profit des droits du fournisseur. Quel but poursuivent les industries agroalimentaires transnationales sinon le profit, toujours plus de profit, au détriment de la santé et de l’agriculture traditionnelle. Il est absurde de croire que les OGM prétendraient à nourrir les affamés quand on sait que la technique “Teminator” ne permet plus aux agriculteurs de produire leurs propres graines ! […]

Face à l’inertie consensuelle des pouvoirs publics en général et des pouvoirs communaux locaux en particulier, qui ont pourtant les moyens d’interdire formellement la culture d’OGM sur leur territoire, les Commandos de résistance d’Action Citoyennes (CRAC) ont décidé d’agir […].

Si les pouvoirs publics ne prennent pas leurs responsabilités en faisant arracher rapidement cette source de pollution génétique qui a déjà commencé à contaminer une partie des plantes des terrains voisins, notre organisation a déjà commencé à prendre les siennes et continuera de les assumer. Cette première action sera suivie d’autres opérations plus radicales. Le CRAC interviendra prochainement très concrètement, afin de démontrer sa détermination et de convaincre de sa résolution ceux qui pourraient en douter. Le monde n’est pas une marchandise !

Commandos de résistance d’Action Citoyennes (CRAC)

5 mai 2002

Borsbeke (Herzele)

Décontamination d’un site de colza Terminator

“Il n’y a pas de meilleur témoignage du formidable pouvoir idéologique de notre société et de la soumission de la biologie appliquée à l’économie politique que l’empressement avec lequel depuis cent cinquante ans, les scientifiques de toutes obédiences (généticiens, agronomes, historiens, économistes et sociologues) ont ignoré ce dont tout homme d’affaires “semencier” se rendait compte à la première seconde : tant que le grain que récolte le paysan est aussi la semence de l’année suivante, lui vendre des “semences” est impossible !”

Jean-Pierre Berlan, Directeur de Recherche à l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique, France)

Dans la nuit du 5 au 6 mai 2002, un site de colza génétiquement altéré, implanté dans la commune de Herzele (localité de Borsbeke) en Flandre orientale, a été assaini par une délicate intervention manuelle.

Cette initiative visait tout d’abord à corriger en partie les lacunes des mesures d’interdiction de cultures d’OGM récemment adoptées par le ministère belge de la Santé publique et de l’Environnement. Comment comprendre en effet que les pouvoirs publics affirment se soucier d’appliquer le principe de précaution envers les disséminations volontaires de colza transgénique dans l’environnement… mais ne refusent dans les faits pas même 10% des sites de pollution existants (4 sur les 43 en cours) ? Une telle incohérence méritait bien un coup de main bénévole de notre part.

Nous tenons aussi à dissiper la fausse alternative entre “essais en plein champ” et “essais confinés”.

L’opération intellectuelle qui bannit les cultures OGM en milieu ouvert pour accorder les bénéfices du doute aux manipulations in vitro est non seulement illusoire sur les plans technique (l’étanchéité absolue est impossible) et épistémologique (le laboratoire exclut les phénomènes étudiés du monde réel, il ne les prépare pas à y faire irruption, même assortis d’une “biovigilance” de tous les instants…).

Cette revendication tend aussi et surtout à occulter les objectifs des semenciers et des agrochimistes, objectifs indépendants des protocoles employés.

La dissémination interrompue cette nuit par exemple, comme 38 autres sur le territoire belge, était destinée à la production efficace de semences apparentées au type “Terminator”. Les plantes hybrides qu’elle permet d’obtenir, tant vantées aux agriculteurs depuis près d’un siècle, ont la propriété fantastique de s’auto-détruire dans leur champ, les graines de ces végétaux une fois récoltées n’ayant pas de pouvoir germinatif ou étant dégénérées. La sauvegarde des semences d’une année sur l’autre, pratique fondamentale de l’agriculture et gage d’une autosuffisance alimentaire à ancrage local, succombe ainsi peu à peu au projet des “biotechnologies”, plus correctement qualifiées de nécrotechnologies.

Par l’introduction d’un gêne de stérilité mâle dans les lignées mères “hybrides” de colza, les transgénistes de PGS-Aventis-Bayer, financés au départ par la Région flamande, assurent à cette firme une prise en otage du vivant et des ressources agricoles sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

La résistance à cette entreprise mortifère ne peut se contenter de suivre le rythme d’un “débat de société” improbable et foncièrement cynique, organisé 16 ans après le début en Belgique des cultures expérimentales de végétaux génétiquement modifiés.

Les localités suivantes accueillent encore aujourd’hui sur leur sol un avant-poste du Meilleur des mondes transgéniques, de quelques dizaines de m2 à plusieurs ha : Mienlen-Boven-Aalst, Nazareth, Velzeke, Bavegem, Lede, Wetteren, Zottegem, Vlierzele, Herzele, Estaimpuis, Deinze, Chimay, Saint-Aubin, Wortegem-Petegem, Maldegem, Kaprijke, Bassevelde, Salles, Orroir, Russeignies, Flobecq, Maffle, Ellezelles, Saint Sauveur, Vaudignies, Olsene, Dentergem, Oostrozebeke.

Les Restaurateurs de fertilité

Plus d’informations à propos des différents types de semences Terminator : http://ecorev.free.fr/rev0/berlan.htm

Précisions sur les 6 gènes transférés dans le colza Bayer lignée MS8/RF3 : www.genewatch.org/crop%20trials/sprngosr.htm (en bas de la page)

Bailleul (Estaimpuis)

Destruction de plants de colza OGM

Lorsque l’on quitte la ville de Tournai en direction de Pecq via la route nationale, que l’on quitte cette voie à plusieurs bandes pour suivre le panneau indiquant « Bailleul », à peine a-t-on dépassé l’écriteau signalant le territoire de la commune d’Estaimpuis que l’on trouve, sur la droite jusqu’à cette maisonnette blanche isolée, un vaste champ expérimental de colza génétiquement modifié.

Une partie de ce champ a été mise  hors d’état de nuire dans la nuit du 4 au 5 mai, tandis que certains instruments utiles à cette expérimentation en plein champ ont été dispersés – à savoir : les étiquettes et les baguettes en plastique qui les portaient.

Ce colza était expérimenté par la société transnationale Aventis CropScience. Cette simple information suffit à justifier l’acte commis.

Car la recherche scientifique et les quelques bienfaits qu’elle fait miroiter ne sauraient voiler le constat suivant : la logique qui rend possible le progrès technologique et ses commodités tant louées est la même que celle qui asservit et dégrade la majorité des conditions humaines d’existence, celle qui fait la guerre au vivant.

Aventis (CropScience) vient d’être rachetée par le pharmaco-chimiste Bayer. Cette transnationale d’origine allemande qui hier développait le gaz moutarde possèdera demain du colza OGM, plante cousine de la moutarde sauvage. Cette analogie linguistique constitue ici une sorte de rappel heureux de la continuité destructrice qui fonde l’activité de telles institutions.

En effet, derrière les leurres et impostures des innovations biotechnologiques hasardeuses et claudiquantes, se cache un mépris souverain du vivant et de ses équilibres élémentaires.

La lutte contre les OGM nous enseigne qu’une fois encore, il n’est rien à attendre des réformistes professionnels et de leurs petits calculs de stratèges carriéristes. Participer à la gestion du désastre, c’est s’interdire d’en distinguer les causes profondes.

Il s’agit donc, plus que jamais, d’enrayer le moteur de la fuite en avant létale et de la dépossession généralisée, et donc aussi de démonter les justifications idéologiques de leurs adeptes, fussent-ils cadres de société ou «chercheurs ».

Les faucheurs de tabous

Velzeke-Rudershove (Zottegem)

On dirait que ça te gène de marcher dans la boue…

Nous, farfadets, amis des insectes, avons encore bravé les géants de l’industrie agro-pharmaceutico-alimentaire en assainissant quelques hectares d’expérimentations sur du colza transgénique.

Celles-ci sont un exemple de l’appropriation par quelques multinationales de tous les aspects du vivant à des fins mercantiles. Elle met sous son joug l’ensemble du milieu agricole et impose dans le monde ses produits standardisés.

En Belgique, quand c’est vert, on Aventis: la ministre Alvoet vient d’autoriser trois nouveaux tests, suivant l’avis du Service de Biotechnologie (et accessoirement de Biosécurité, S.B.B.) qu’elle prétend pourtant réformer pour cause de partialité. En effet, il est actuellement soumis à l’avis de techniciens de la science à la solde des semenciers.

Qui sera tenu responsable des conséquences des disséminations en cours ? Aventis ? Monsanto ? Plant Genetic System ? Ou les politiciens qui leur délivrent des autorisations ?

Quoiqu’il en soit, l’argent qui servira à construire l’illusion d’une réparation de dégâts écologiques pourtant irréversibles, ira encore grossir les mêmes bourses.

Et nous resterions les proies de leurs chimères. Si nous ne refusions la ronde des lobbys, des médias et des politiques qui organisent notre impuissance, en passant à l’action pour mettre en lumière cette politique du fait accompli.

Con-somma-teur !

Ressaisis-toi !

Un farfadet existe en toi !

Les fées de serres.

Pour trouver deux sites Aventis décontaminés:

– autoroute E40 vers Gand, sortie 18, Erpe Mere / Zottegem: nationale 46 vers Velzeke-Ruddershove.

– au début du village, prendre la Pandelaarstraat à droite. Le premier champ de serres se trouve sur votre gauche.

– retour sur la N46, même direction. Vers la fin du village, après le feu de signalisation, prendre la deuxième à gauche, une rue pavée qui mène aux champs: sur votre gauche, le deuxième champ de colza au bout duquel, les serres.

21 juin 2002

Salles (Chimay)

Destruction officielle du champ de Salles (Chimay) qui se trouvait à moins de 1000m d’un champ de colza conventionnel.

Expérimentation du colza génétiquement modifié: autorisation annulée

A la demande de la Ministre Aelvoet, la société Aventis va mettre fin à l’expérimentation du colza génétiquement modifié à Salles étant donné que les conditions imposées dans le cadre de l’autorisation n’ont pas été scrupuleusement respectées. Cette expérimentation avait été approuvée par la ministre en mars dernier.

Les autorisations pour les expérimentations d’OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) sont uniquement délivrées lorsqu’une évaluation des risques a été effectuée et sous de nombreuses conditions strictes. Afin d’éviter la propagation du matériel génétiquement modifié provenant des parcelles d’essai, la Belgique exige, pour les expérimentations du colza génétiquement modifié, qu’une distance d’au moins 1000 m sépare le champ de colza génétiquement modifié d’un champ commercial de colza.

Le champ d’OGM à Salles se situe à seulement 880 mètres d’un champ commercial de colza. Par conséquent, l’autorisation n’est plus valable et le champ devra ètre détruit. Par mesure de précaution, le champ commercial de colza sera également détruit vu la possibilité de croisement entre les deux

champs. La société Aventis prendra les frais à sa charge.

Les deux champs seront détruits le vendredi 21 juin au plus tard.

Magda Aelvoet Ministre de la Protection de la consommation, de la Santé publique et de l’Environnement

1. Depuis la régionalisation des compétences en matière d’agriculture, la Ministre Aelvoet est compétente en matière d’expérimentations de plantes transgéniques à la place du Ministre Gabriëls.

2. En cela, la Belgique est un des Etats membres les plus exigeants au sein de l’Union européenne.

3. Par ailleurs, d’autres échantillons seront prélevés afin de contrôler si un croisement a  effectivement eu lieu.


7 juillet 2002

Verrebroek (Beveren)

Le retour des diables rouges !

Champ d’éssais transgénique détruit en Flandre

Dans la nuit du 7 au 8 juillet 2002, le groupe les diable rouges a détruit un champ de betteraves génétiquement manipulées appartenant à Advanta.

Bien que cette société anglo-britannique ait annoncé l’arrêt des champs OGM, ce champ se trouvait à verrebroek, Bralstraat à Beveren.

Ces betteraves ont été manipulées pour résister au virus de la rizomanie ET pour être resistantes à l’herbicide très toxique qu’est le glufosinate.

Les diables rouges ont decidé d’entreprende cette action concrète (au cours de laquelle la totalité du champ a été detruit), car ils pensent que ces expériences sont une agression inacceptable contre la nature.

On en sait encore très peu sur les conséquences, mais il est évident qu’il y a un danger pour la biodiversité et l’agriculture biologique. La dissémination de cultures génétiquement modifiées, une fois que celles-ci sont autorisées, est inévitable.

Dans le monde entier des gens, à commencer par les fermiers, s’insurgent contre les OGM, qui sont la dernière menace contre l’homme et l’environnement. Seuls les intérêts des industries des biotechnologies et des autorités sont pris en compte. Le système néoliberal ne laisse aucune chance aux formes d’agriculture durable.

Non aux OGM – la lutte pour la planète continue !

Les diables rouges


15 août 2002

Afsnee (Gand)

Désactivation de maïs OGM “confiné”

Durant ce long week-end du 15 août, le groupe baptisé “L’aigle Bayer et ses serres universitaires : OGM, non merci” s’est proposé de neutraliser une expérience de génie génétique menée sur un domaine universitaire gantois. La société Aventis CropScience – devenue récemment Bayer CropScience- pratiquait depuis plusieurs années à Afsnee (Gand), au numéro 2 de la Kleine Mortelputstraat, la culture de maïs transformé génétiquement pour sécréter un insecticide. L’expérimentation rassemblait dans une serre de 75m2 une centaine de plants d’un maïs dont le génome intégrait un gène de la bactérie Bt (Bacillus thuringiensis) producteur d’une toxine néfaste pour le papillon pyrale à l’état de chenille. Ces lignées de maïs étaient en outre modifiées en vue de tolérer l’absorption d’herbicides à large spectre, le glufosinate d’ammonium (Basta) dans certains cas, le glyphosate (Round up) dans d’autres.

L’ampleur des dérèglements biologiques qu’engendre la manipulation insecticide des végétaux est aujourd’hui établie, ce qui n’a pas empêché leur exploitation commerciale sur des millions d’hectares, aux Etats-Unis notamment. Faire produire la toxine par le maïs lui-même cause une explosion des quantités d’insecticide libérées dans la nature, au bas mot 100.000 fois supérieures à celles des pesticides conventionnels. De plus, on n’a pas affaire ici à un simple déplacement de la production létale des usines de Bayer vers les cellules du maïs. La protéine qui inonde désormais les champs est directement sécrétée sous sa forme active : il s’agit d’une construction moléculaire inédite, ne visant plus seulement les insectes qui l’ingéraient, mais un spectre beaucoup plus large d’organismes vivants. On sait par ailleurs que cette toxine subsiste longtemps dans le milieu (8 mois dans le sol), et que sa capacité à susciter des résistances chez les insectes ciblés est énorme, ce qui exige une augmentation de la toxicité mise en oeuvre. Ce dernier point est le plus précieux aux yeux de Bayer. En rendant inefficaces à court terme tous les pesticides à base de Bt, depuis les méthodes de lutte biologique jusqu’à ses propres produits, la firme agro-chimique crée pour un nombre croissant d’agriculteurs l’obligation de recourir à de nouvelles formulations d’insecticides. Son marché s’étend à la vitesse de la pollution.

Le protocole de l’expérience menée à Afsnee prévoit un confinement visant à éviter toute dissémination. Or, les travaux de chercheurs comme Mae-Wan Ho, professeur à l’Open University de Londres, ont établi que le confinement est un leurre, comme le montrent de nombreux cas d’ADN et de vecteurs viraux manipulés en laboratoire survivant dans l’environnement malgré leur désactivation. Par ailleurs, il suffit de se rendre sur la “ferme” d’Afsnee pour constater la désinvolture avec laquelle est appliqué ce confinement. Vasistas latéraux ouverts à tous vents (d’où l’on aperçoit des champs de maïs conventionnels à un jet de gène), porte arrière non verrouillée, caractère globalement vétuste de la serre.

Il n’est toutefois pas question ici de discuter des modalités de confinement ou d’attirer l’attention sur tel ou tel risque. Le coeur de la problématique des expérimentations de végétaux transgéniques est ailleurs. A savoir, que les expériences in vitro n’apportent aucun renseignement fiable car elles correspondent à un contexte artificiel déconnecté de conditions naturelles qui ne sont, elles, jamais reproductibles. Au niveau de l’écosystème terrestre, toute dissémination est irrattrapable, pour la bonne raison que le vivant se caractérise par une perpétuelle évolution, passant d’un équilibre à l’autre, au fil d’interactions inconnaissables dans leur totalité. A l’échelle du gène, c’est le même problème insoluble que les servants des canons à ADN découvrent progressivement. Ainsi, la proclamation médiatique mi-août 2002 d’un rôle nouveau joué par certaines portions de l’ARN dans l’expression des gènes fait entrevoir une remise en cause du credo actuel selon lequel l’ADN ordonne et l’ARN exécute. Cette découverte ne révèle pas un continent riche de promesses, comme le déclare le principal promoteur français des biotech Axel Kahn, notamment employé par Bayer, mais un abîme sans fond. Il ne s’agit pas d’une révolution mais bien plutôt d’une confirmation de la complexité de l’interaction propre à la transmission génétique, et donc de l’impossiblité d’en contrôler les innombrables variables. En somme, que ce soit au niveau de l’écosystème terrestre comme au niveau de la transmission génétique, le vivant est, de par son interactivité fondamentale et mouvante, trop complexe pour être maîtrisé.

L’expérience menée à Afsnee illustre par ailleurs la nature aberrante du projet. D’abord, la pyrale ne survit pas sous notre latitude et ne présente donc aucun intérêt d’étude au niveau régional. Ensuite, des moyens biologiques existent pour lutter contre les insectes. Enfin et surtout, qu’est-ce que le maïs sinon le paradigme cultural même de l’épuisement productiviste des sols, des nappes phréatiques, des subventions et de la souveraineté alimentaire (voir la supercherie du maïs “hybride” que l’agriculteur ne peut ressemer lui-même) ?

Pour terminer, rappelons que les OGM procèdent d’une conception de la vie et du monde où se croisent réductionnisme scientifique, adhésion inconditionnelle au Progrès, productivisme, croissance et autres merveilleuses boussoles idéologiques.

A titre d’exemple, l’abstraction algébrique du laboratoire est exactement celle des économistes, c’est-à-dire une mathématisation à but lucratif de la nature en matières premières, comme de toute activité humaine en force de travail.

L’aigle Bayer et ses serres universitaires : OGM, non merci.